La sécheresse météorologique

L'année 2022 est marquée par une sécheresse météorologique historique.

Définir la sécheresse

La sécheresse se caractérise d’abord par un déficit prolongé de précipitations qui peut s’accompagner d’une hausse de l’évapotranspiration en cas de très fortes températures. Cette sécheresse, que l’on qualifie de météorologique, peut se propager aux différents compartiments du cycle de l’eau (sol, nappes, cours d'eau, cf. figure ci-contre).

Ces épisodes de sécheresse peuvent impacter les sociétés, notamment en cas d’incapacité des systèmes à répondre à la demande en eau, on parle alors de sécheresse socio-économique.

Ces définitions reposent sur un découpage entre des processus naturels (sécheresses atmosphériques, édaphiques et hydrologiques) et anthropiques. Mais comme le souligne Vidal (2019), la distinction entre sécheresses physiques d’un côté et sécheresses socioéconomiques de l’autre est bien évidemment prise en défaut dès lors qu’une action humaine interfère avec l’évolution des variables du cycle hydrologique considérées.

L'année 2022 se caractérise par un important déficit pluviométrique accompagné de températures exceptionnellement fortes, affectant l'ensemble des composantes atmosphériques et terrestres du cycle de l'eau.

Propagation de la sécheresse météorologique aux autres types de sécheresse (Van Loon, 2015)

La situation météorologique est analysée à partir des données issues de l'analyse SAFRAN (Vidal et al. 2010) produite par Météo France et disponible à une résolution de 8 km pour la France métropolitaine depuis 1958.

1. Les précipitations

L'année 2022 enregistre des précipitations particulièrement faibles durant les mois de mars, mai, juillet et août (cf. figure ci-dessous).

À l'exception de quelques orages, le mois de juillet est particulièrement sec avec des précipitations souvent inférieures à 10 mm.

Afin de mieux caractériser la sécheresse météorologique, les précipitations de 2022 sont comparées à l'échelle mensuelle aux normales climatiques actuellement utilisées par Météo France qui se réfèrent à la période 1991-2020.

 

Le bassin Rhin-Meuse enregistre un déficit pluviométrique par rapport à cette normale dès le mois de janvier.

En mars et en mai, le déficit est en moyenne de 63%.

Le mois de juillet enregistre le déficit pluviométrique le plus important, de 87% en moyenne sur le bassin.

En août la sécheresse se poursuit, en particulier dans la partie septentrionale du bassin Rhin-Meuse où le déficit peut atteindre 90%.

Les rapports à la normale des cumuls de précipitations mensuelles sont globalement déficitaires sur l'ensemble de la période s'étendant entre janvier et août. Les valeurs de déficit atteignent 50% dans certaines parties du bassin.

2. Les températures

L'année 2022 est également marquée par plusieurs vagues de chaleur. Les températures moyennes mensuelles sont significativement supérieures aux normales (1991-2020) en février, mai, juin, juillet et août. En mai, juin et juillet les températures moyennes dépassent de plus de 2°C la normale. La température moyenne du mois d'août s'élève à 21,5°C sur le bassin Rhin-Meuse, soit en moyenne 3°C au-delà de la normale., mais ces écarts peuvent localement atteindre 4 à 5°C.

3. L'évapotranspiration

 

L'évapotranspiration potentielle (ETP) provient de la base de données SAFRAN et correspond à de l'ETP Penman-Monteith.

Le bassin Rhin-Meuse enregistre un excédent d'ETP par rapport à la normale (1991-2020) au cours des mois de février, mars, juillet et août, qui s'explique notamment par les températures supérieures à la normale.

En mars, mai et juin, l'excédent est autour de 20 mm en moyenne sur le bassin Rhin-Meuse. En juillet et août, les valeurs d'ETP se situent respectivement 52 et 45 mm au-dessus de la normale.

L'évapotranspiration réelle est également issue de la base de données SAFRAN et provient de la chaîne de données SAFRAN-ISBA.

Les rapports à la normale montrent une ETR proche de la normale jusqu'en mai.

A partir de juin, et de manière très marquée en juillet et août, l'ETR devient fortement déficitaire en raison notamment du fort déficit pluviométrique qui ne permet pas de couvrir les besoins évapotranspiratoires élévés. Le déficit d'ETR atteint 25 mm en juillet et en août.


Les courbes d'ETP et d'ETR de 2022 sont comparées à celle de la période de référence (1991-2020). Les valeurs correspondent à une moyenne sur l'ensemble du bassin Rhin-Meuse.